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Surexploitation de la Prairie des Filtres : où relocaliser les événements de la ville ?

Cette année semble avoir marqué le coup de trop pour la Prairie des Filtres. Écrasée par les stands, les scènes, les passages des camions et des centaines de milliers de pieds, l’herbe n’a plus le temps de repousser d’un événement à l’autre. Sans oublier les tonnes de sable déversées pour Toulouse Plages. Le « poumon vert » de la ville rose a, pour beaucoup, été défiguré, « massacré » voire « détruit ».

Un emplacement (trop) idéal ?

En plein cœur de Toulouse, longeant la rive ouest de la Garonne entre Saint-Cyprien, le Pont-Neuf et le Pont Saint-Michel, le parc jouit d’une position extrêmement privilégiée. Un parc de 45 000m² au bord de l’eau, idéalement situé en plein centre-ville… Évidemment, les promeneurs et flâneurs l’adorent ! Mais peut-être pas autant que les organisateurs d’événements culturels, particulièrement nombreux en 2023. Rio Loco, Toulouse Plages, Fan Zone pour la Coupe du Monde, 14 juillet… Aujourd’hui, la Prairie des Filtres est méconnaissable.

Le 1er décembre, les élus écologistes faisaient valoir leur voix contre cette surexploitation du lieu. Les riverains et les promeneurs sont les premiers concernés, et s’en plaignent depuis le début de la haute saison. Le Rio Loco grandit d’année en année, la Fan Zone et Toulouse Plages détiennent des records de fréquentation… La vie de quartier en a pris un coup, et l’accessibilité à l’espace vert tout autant.

Quelles revendications ?

Les revendications de l’opposition à la mairie se veulent raisonnables. Il n’est pas possible ni même souhaitable de cesser les événements qui ont lieu à la Prairie des Filtres. Il s’agirait alors d’en relocaliser une partie dans d’autres lieux culturels de la ville, comme l’Île du Ramier (pour Toulouse Plages), la Halle de la Machine, la place Abbal ou la base verte des Argoulets. Du reste, il faudrait établir avec les riverains un plafond au nombre de jours d’événements pouvant générer des nuisances sonores et entraîner la fermeture du site.

Pour quelles solutions ?

Pour les élus en charge, ce n’est pas si simple, et les pourparlers sont toujours en cours. La question de la relocalisation demeure épineuse. En effet, l’Île du Ramier a déjà le Stadium, et un arrêté préfectoral interdit la tenue d’autres événements que ceux qui s’y tiennent déjà. La plupart des autres arguments invoqués par la mairie ne suffisent pas à faire taire les protestations. L’autre problème que l’on voit moins évoqué, paraît pourtant évident : le centre-ville ne dispose d’aucun autre lieu capable d’accueillir des événements d’une telle ampleur. Tous ceux nommés précédemment qui le pourraient sont relativement excentrés et moins faciles d’accès. La position idéale de la Prairie des Filtres et, à l’inverse, celle moins favorable des autres grands lieux ouverts de Toulouse, semble être le nœud du problème.

 

Si celui-ci est loin d’être réglé, il a déjà été annoncé qu’il n’y aurait pas de Fanzone pour les JO 2024. Le  terrain occupé par Toulouse Plages pourrait aussi être réduit. Mais qu’en sera-t-il vraiment ? Le sable, qui contamine grandement le lieu, devrait être retiré selon l’opposition, mais cela n’était pas à l’ordre du jour il y a encore quelques semaines. En résumé, si la Prairie des Filtres veut être protégée et ressembler à nouveau au poumon vert qu’elle est censée être, il faudrait à la fois l’entretenir et trouver de potentiels lieux pour relocaliser une partie de ses événements. Deux problèmes face auxquels il semblerait n’être appliqué que des demi-mesures, qui laissent l’opposition mécontente et ses suggestions non entendues.

Pour beaucoup d’entre eux, 2023 était un point de non-retour ; reste à voir, alors, comment 2024 décidera de l’avenir du parc.

Anatole Williame