Patrick n’a pas vraiment le physique de l’emploi, avec sa morphologie “de gringalet”, comme il dit. Et pourtant c’est un authentique boucher, dans la plus pure tradition bouchère. Il a repris en 2013 la boucherie de la place de l’Estrapade, qui porte désormais son nom : la Boucherie Bannelier. Une manière de faire reconnaître son parcours et d’exposer son patronyme, avec l’espoir que le fiston reprendra un jour le commerce familial.
Ancien chef cuisinier pendant trente ans dans des restaurants gastronomiques et des bistrots de chefs étoilés, ce quinquagénaire aimable et “grande gueule” a dû passer son CAP de boucher à 46 ans pour pouvoir se reconvertir et monter son affaire.
Derrière son comptoir, Patrick porte fièrement cravate et chemise blanche, sous trois tabliers noués par une rosette. Une tenue emblématique des bouchers parisiens, que sa grand-mère l’emmenait voir quand il était gamin. Pour sa boutique datant des années 20, il a souhaité conserver le cachet des anciennes boucheries : carreaux “métro” en faïence, crochets “dents de loup” au plafond pour suspendre les viandes…
Chez Bannelier, on fait dans le généraliste, on travaille toutes les viandes. “Je ne veux pas réinventer le métier, je veux juste servir les gens, faire mon office de commerçant de quartier”, confie Patrick. Il privilégie au maximum les filières du sud-ouest et propose des produits exclusifs : du jambon naturel sans sel nitrité préparé rien que pour lui par la maison Escudier (à Castelnaudary) ; du cochon semi-sauvage de la forêt de Fontenilles, élevé par Frédéric Herraiz ; des volailles de Pierre Duplantier (élevées à Méracq, dans le Béarn), qui fournit le restaurant de Michel Sarran ; des agneaux bio de prés salés provenant de l’île d’Yeu (d’où la mère de Patrick est originaire), élevés par Emilie, la bergère locale.
Mais Patrick insiste : “Ma mission principale, c’est de proposer le produit de tous les jours pour tout le monde.” Dans sa boucherie populaire, son but est de toucher la plus large clientèle possible. Il a d’ailleurs pour clients les anciens propriétaires du lieu, Didier et Raymonde, qui viennent régulièrement se servir chez lui.
Pilier de la vie du quartier, il apprécie la multiplicité des commerces de bouche qui se développent un peu partout dans Saint-Cyprien. Il a notamment un faible pour Romain, le patron de La Esquina : “Un personnage que j’aime beaucoup, serviable et atypique.” Ici, Patrick se sent bien, heureux comme un boucher de village.
Photo by Studio le Carré
Texte by Jonathan Lagier
Site by Agence Novo