Histoire

Qui était Marc Sangnier ?

Comme d’autres villes de France, Toulouse a baptisé une de ses rues Marc Sangnier, en hommage à celui qui créa les premières auberges de jeunesse. 

Un catholique progressiste

Dès la fin du XIXe siècle, Sangnier promeut un catholicisme progressiste et démocratique. Avec le journal Le Sillon, il s’inscrit dans un christianisme social, rallié à l’esprit républicain, et voulu par le pape Léon XIII. En 1901, il fonde des instituts populaires qui délivrent des conférences et des cours ouverts à tous.

Le mouvement de Sangnier fait cependant face aux critiques de l’extrême-gauche marxiste et à celles de la presse nationaliste et royaliste. Sangnier défend en effet des idées démocratiques et se veut à la fois catholique et de gauche, ce qui paraît antithétique aussi bien aux tenants de la droite conservatrice qu’à une partie de la gauche.

Sangnier et son idéologie disqualifiés

En 1905, l’Assemblée nationale vote la loi de séparation de l’État et de l’Église. Le Sillon et ses idées libérales sont dès lors mal vus par le nouveau pape Pie X. Celui-ci se méfie de l’idéologie émancipatrice du mouvement et de sa tendance à aplanir les distinctions sociales. La « doctrine du Sillon » est disqualifiée dans la gazette officielle du Vatican. Même s’il ne réfute pas la position du pape, Marc Sangnier délaisse l’action religieuse pour la politique. 

En avance sur son temps

Sangnier fonde un nouveau parti, la Ligue de la jeune République. Alors que le mouvement des suffragettes fait rage en Grande-Bretagne, Sangnier prône l’égalité civique pour les femmes en France. Il est aussi l’un des rares à être pour la décolonisation, bien avant 1945.

Un homme pour la paix

Devenu député après la Première Guerre mondiale, il se risque à promouvoir la réconciliation franco-allemande. Il met même en place des camps de la paix. Mal lui en prend. En 1929, il perd les élections.
Il ne lui reste alors que son mandat de maire de Boissy-la-Rivière. Il en profite pour créer dans son fief la première auberge de jeunesse française. Celle-ci est inspirée des auberges lancées par Richard Schirrmann en Allemagne.
Pendant l’occupation nazie, Sangnier sera brièvement arrêté et incarcéré par la Gestapo à la prison de Fresnes car l’imprimerie de son nouveau périodique sert à la Résistance.
Député de Paris après la Libération, il meurt en 1950. La République lui rendra hommage le 1er juin 1950 devant l’église Saint-Sulpice.

 

Texte : Viviane Bergue

Images : Wikipedia domaine public

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